lundi 8 mars 2010

Jour 17

Je tiens toujours le coup.
C'est que secrètement, dès le mois accompli, j'ai pris la résolution d'aller en virer toute une. Une vraie de vraie, à coup de tequilas et de lignes blanches. À coup de musique trop forte et de planchers sales. De garçons tatoués dans l'anonymat de la grande ville.
Je fantasme en silence sur cette récompense pour mes grands efforts, pour avoir montrer à tout le monde et à moi-même que je ne suis pas une cause perdue, que j'ai de la volonté quand je le veux, et que oui, je pourrais arrêter n'importe quand.
J'anticipe cette soirée, ressent les frissons de la drogue me parcourir, les vagues de l'ébriété me recouvrir, mon sourire éclantant aborder cet étranger que je me plais à imaginer, grand, barbu et troué.
Sa langue s'enfouir dans ma bouche, ses dents déchirant mes lèvres, sa main autour de mon cou, qui serre, qui serre.
Mes souvenirs un peu flous, avec la sensation d'avoir existé et de m'être éclatée. D'avoir perdu le contrôle en ayant plus rien d'autre à perdre.
D'avoir senti la musique me traverser, d'avoir exploser le plancher de danse, d'avoir agi comme le petit animal sauvage que je suis.
Hurlant à la nuit de me prendre, de me baiser, à en perdre la tête.
Je m'enfonce dans mon délire, je l'explore sans pudeur, je le façonne, chaque jour qui m'approche un peu plus de ce moment où j'oublierai cette règle stupide que je me suis imposée, et où je redeviendrai enfin moi.
Une mauvaise fille. Une salope.
Mais sous des dehors angéliques, personne ne saura, personne.
Je ne veux plus de sang dans mes veines. Versez-y du vin et du champagne, que je pétille de partout!
Je veux couler sur un homme, m'empaler sur lui, je veux m'y déverser et briser cette solitude lucide par un combat corps-à-corps me laissant pantelante.
J'en ai marre de voir toutes les imperfections de ma vie. Pour un soir, je voudrais cesser de me battre contre ma réelle nature et simplement me laisser aller à suivre ce courrant qui me porte si naturellement.
Pour un soir seulement, dans un bar près de chez vous.  

4 commentaires:

jbailehden a dit…

je pense que c'est normal que ton corps veut de ces substances. Il te crit haut et fort qu'il en a besoin car tu lui en a fourni tous ces années. Je pense que le vrai test commence maintenant que c'est la que ca compte et que tu es capable de le faire. Oublie les messages de ton corps ils vont s'attenuir avec le temps. Je sais que tu es capable et tu vas t en sortir!!! AFNF (tu y penseras a la definition de celle la )

xxx

Jérôme a dit…

Ça me semble tricky, cette idée de se récompenser après 1 mois avec une débauche digne de mythe. C'est contre-productif il me semble, comme d'aller se prendre une fichu grosse poutine au sortir du gym. Cela dit, ça risquerait de faire un bon récit et, égoistement, je me dis que ça ne serait pas si mal.

Danny Émond a dit…

Beau programme en perspective. Je te ferai pas la morale parce que je te comprends.

Ça fait du bien une bonne dérape dans les règles de l'art.

Pierre-Marc Drouin a dit…

Hostie d'récompense de marde. Dix piasses que tu redeviens alcoolique deux jours après. Pis ça va tellement te soulager que tu vas retomber encore plus fort.

T'as pas l'goût d'arrêter. T'as juste envie de te prouver que si tu voulais arrêter, tu pourrais. Ben c'est d'la bullshit. Tu savais probablement dès le départ que tu t'y remettrais. C'est toujours plus facile d'arrêter un mois quand on sait qu'on va se peter la face après ça. C'est moins facile quand ça devient un combat ordinaire. Un combat quotidien. C'est là qu'on voit si on a une colonne. Une vraie.