mercredi 24 mars 2010

Écrire pour évacuer

Pour sortir les papillons, les souvenirs. Faire comme si ce n'était pas arrivé, comme si nous n'avions pas existé, pour un instant, en symbiose presque parfaite.
Oublier comment l'on peut se sentir si bien dans des bras étrangers, dans des draps froissés, un peu essouflés.
Ne pas y penser, car ce serait y accorder trop d'importance. Refouler au plus loin de nous la sensation de bonheur, l'envie que cela se reproduise.
Ce vide qui ne se remplira pas de toi.
Même quand on veut y croire de tout son être, il y a des déceptions qui ne peuvent être évités.
Parce que ma peau appelle la tienne. Et que la tienne ne réponds pas.
Dangereux ce désir de toi. Une fois le pas franchi, mon appétit devient insatiable. Mais il faut taire cette évidence, j'ai envie de toi. Tout de toi. De tes caresses, de tes baisers, envie d'y croire juste une seule fois.
Envie de croire à cette émotion qu'on a pu feindre, mais je me suis laissée prendre au jeu.
Quand c'est trop tendre, mon coeur s'embrouille. Et ma gorge se serre d'avoir laissé cet instant filer et de n'être maintenant plus qu'une conquête de plus.
Pourquoi ce déclic se produit-il dans ma chair et non dans la tienne? Pourquoi suis-je la seule tentée de recréer ces instants de plénitude? Cette intimité qui me semblait si naturelle?
Incapable d'être patiente, quand je sais, quand je veux, pour une fois, que je veux vraiment, que je sens que les pièces s'emboitente, alors je veux tout de suite.
Incapable de jouer à l'indifférente, je préfère fuir, je préfère me dire que ce n'était rien de plus.
Car ce n'était rien de plus.

mardi 23 mars 2010

La vie ordinaire

J'ai été pro-active, pendant mon mois d'abstinence. C'est fou comment les gestes du quotidien peuvent m'épuiser parfois. Comment me prendre en charge me demande de l'effort.
J'ai trouvé un appart, grâce à Amélie, à Montréal. À 10 minutes de l'Université que je compte fréquenter.
J'ai aussi trouvé un programme qui m'intéresse. Pour de vrai.
Un nouveau bac. dont je suis certaine que je vais vouloir le terminer. Accomplir quelque chose jusqu'au bout, enfin.
Je l'espère.
J'ai fréquenté des garçons. Me suis faite niaiser. Ai résisté à l'envie de noyer mon écoeurement, ma colère.
Tout ça dans la sobriété. J'ai vu que je n'avais pas besoin de me cacher. Que j'étais parfaitement capable de faire face. Même si parfois, ça aurait été plus facile. Mais pas vraiment, au fond.
J'ai aussi baiser à jeun. Moi qui doutais de ma capacité à le faire. C'est vrai, il faut se réapproprier son corps. On se trouve un peu moins hot, parfois. Moins porno bitch qui te lèche le gland avec assurance, en te regardant droit dans les yeux. On a un peu plus conscience des gestes maladroits.
Mais on jouit plus, aussi.
Tellement plus.
J'ai passé des moments amusants, rigolos, rassurants. Je suis en voie de me retrouver, dans la vie ordinaire.
Je suis encore en démarche, avec le CLSC, entre autre. Pour aller chercher de l'aide. Comme l'a dit mon médecin et l'intervenante que j'ai rencontré, il y a une raison derriere tout cet heavy drinking.
Non, je ne suis pas allée me défoncer la tronche. Ce fantasme m'aidait à tenir, allez savoir pourquoi.
Pourtant, je ne l'accomplirai pas.
Je suis sortie, quand ça a fait un mois. J'ai pris une bière, et un Rave. Et j'ai dansé, j'ai eu du plaisir.
Le sentiment d'avoir réussi, d'avoir affronté mon démon, de l'avoir nargué, et d'avoir remporté cette manche, ce feeling de rentrer chez moi parfaitement sobre, c'était génial.
Et puis il y a eu cette soirée, avec ce garçon, et les deux bouteilles de vin. Qu'on a bu en douceur, tout de même. Ne pas perdre le contrôle, c'est important. Même si plusieurs pensent que des gens comme moi ne peuvent pas avoir le contrôle.
J'ai envie de papillons avec ce garçon!
Dormir collés comme ça, ça ne se peut juste pas. Avoir autant de point en commun. Etre bien, le dire.
Je n'aurais pas du coucher avec lui.
C'est bien évident que je n'aurai plus de nouvelles.
Pourtant, j'ai pris mon temps, je me suis vraiment efforcée. On s'est vu quelques fois, avant de passer à la chambre, une amélioration pour moi!
Combien on gage que je deviens a) la fuck friend b) la fille non-rappelée?
C'est ça, ma vie ordinaire.

lundi 8 mars 2010

Jour 17

Je tiens toujours le coup.
C'est que secrètement, dès le mois accompli, j'ai pris la résolution d'aller en virer toute une. Une vraie de vraie, à coup de tequilas et de lignes blanches. À coup de musique trop forte et de planchers sales. De garçons tatoués dans l'anonymat de la grande ville.
Je fantasme en silence sur cette récompense pour mes grands efforts, pour avoir montrer à tout le monde et à moi-même que je ne suis pas une cause perdue, que j'ai de la volonté quand je le veux, et que oui, je pourrais arrêter n'importe quand.
J'anticipe cette soirée, ressent les frissons de la drogue me parcourir, les vagues de l'ébriété me recouvrir, mon sourire éclantant aborder cet étranger que je me plais à imaginer, grand, barbu et troué.
Sa langue s'enfouir dans ma bouche, ses dents déchirant mes lèvres, sa main autour de mon cou, qui serre, qui serre.
Mes souvenirs un peu flous, avec la sensation d'avoir existé et de m'être éclatée. D'avoir perdu le contrôle en ayant plus rien d'autre à perdre.
D'avoir senti la musique me traverser, d'avoir exploser le plancher de danse, d'avoir agi comme le petit animal sauvage que je suis.
Hurlant à la nuit de me prendre, de me baiser, à en perdre la tête.
Je m'enfonce dans mon délire, je l'explore sans pudeur, je le façonne, chaque jour qui m'approche un peu plus de ce moment où j'oublierai cette règle stupide que je me suis imposée, et où je redeviendrai enfin moi.
Une mauvaise fille. Une salope.
Mais sous des dehors angéliques, personne ne saura, personne.
Je ne veux plus de sang dans mes veines. Versez-y du vin et du champagne, que je pétille de partout!
Je veux couler sur un homme, m'empaler sur lui, je veux m'y déverser et briser cette solitude lucide par un combat corps-à-corps me laissant pantelante.
J'en ai marre de voir toutes les imperfections de ma vie. Pour un soir, je voudrais cesser de me battre contre ma réelle nature et simplement me laisser aller à suivre ce courrant qui me porte si naturellement.
Pour un soir seulement, dans un bar près de chez vous.